Machine à Apprendre | Tricher #2 – Parle à des gens.

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L’école, c’est l’anti-école.

À bien des égards.

Je m’explique.

En vrai, l’école devrait un chef d’oeuvre humain en ce qui concerne te faire apprendre, non ?

Ceci dit, sur certains points, tu doutes de ses intentions réelles.

Par exemple, tu te souviens le nombre de fois où tes profs t’ont demandé de cesser tes bavardages ?

Oui, je sais. Ce n’est pas toi qui parle, c’est ton voisin.e qui te parle 😉

Je connais.

En plus, si lors d’un examen tu es surpris en train de papoter, c’est peine capitale : 0 pointé.

Bah … oui !

Tu triches.

C’est horrible de tricher ?

Pourtant, ne serait-il pas plus efficace d’être à plusieurs sur un problème pour le résoudre ?

Alors, pourquoi rester seul.e et isolé.e sur un problème, les sourcils en origami japonais et la tête entre les mains ?

Autant le partager. Autant en parler à d’autres.

Ils pourraient me donner une solution. Je pourrais la débattre avec des gens. Puis, je pourrais la transmettre à mon tour.

Non ?

Dès lors, la conclusion devient limpide : apprendre tiendrait deux fois plus du bavardage que de l’écoute.

Oui, tu n’hallucines pas. Je suis en train de t’affirmer que pour bien apprendre, il faut bavarder.

Après, si au lieu de maths, tu bavardes des résultats de la Ligue des Champions ou du dernier cliffhanger de ta série, l’effet s’annule.

Faut pas déconner.

Non, juste bavarde de problèmes.

D’ailleurs, pour l’anecdote, « une connaissance », c’est quoi à ton avis ?

C’est un problème résolu.

SIMPLE. BASIQUE.

Alors, je sais, y a d’autres définitions, comment dire, tellement pompeuse. Mais, à la fin, le résidu de cette glose se résume à :

« Une connaissance, c’est un problème résolu »

Pourquoi ?

Pour apprendre, tu surmontes un « conflit cognitif ».

Le mot est barbare mais il raconte seulement que ce que tu sais rentre en conflit avec ce que tu vois. Notamment, car tu es incapable de l’expliquer en l’état actuel de tes connaissances.

Du coup, pour réduire la distance entre ces deux états « ce que tu sais » et « ce que tu vois », tu vas devoir créer la connaissance nécessaire pour retrouver un équilibre cognitif.

Ça, c’est la partie un peu chiante de cet article.

Mais attends, y a un truc que tu ne sais pas encore : comment va se créer cette connaissance ?

C’est dans le titre ^^

Je te le donne en mille : en bavardant avec des gens.

En effet, tu résous des problèmes en parlant avec des gens. Par déduction, tu produis de la connaissance en parlant à des gens.

Au final, parler à des gens te feras apprendre beaucoup plus vite que si tu devais tout apprendre par toi-même.

Maintenant, ce n’est pas suffisant.

Te dire qu’il faut parler à des gens ne va pas beaucoup t’aider.

En vrai, pour devenir une véritable « Machine à Apprendre », la réponse dont tu as besoin, c’est :

À qui parler ?

Là, je te parie une chose : t’as dû penser direct :

« Non mais, c’est évident ! Tu parles à ceux qui savent. Il est marrant, lui »

Laisse-moi te surprendre.

Ceux qui savent ne sont pas les seules personnes à qui parler.

Non.

Est-ce que ça veut dire qu’il faut parler à des gens qui ne savent pas ?

Non, plus.

Laisse-moi te raconter une histoire.

La plus importante de cet article. Après ça, tu pourras passer à l’action en mode serein.e.

Je vais te parler de ce Monsieur.

Tu vois ce mec.

C’est Ken Shamrock.

C’est une légende de MMA.

Pas les assurances, la bagarre avec des arts martiaux variés et mélangés.

Bref, là, comme ça, tu dois te demander en quoi un mec spécialiste dans les coups de poing pourrait te donner un coup de main ?

Alors, ce mec, malgré les apparences, est à l’origine de l’une des théories d’apprentissage les plus complètes qui soit :

+ = –

En une citation, ça donne :

« To become great, you need someone better you can learn from, someone lessor you can teach, & someone equal that can challenge you. »

Et si t’as séché les cours d’anglais de Mlle Roberts, voici la version française en une seule publication Linkedin :

SIMPLE.

Du coup, tu veux apprendre vite, rentre dans ce cercle vertueux : prends le savoir d’un mentor, bavardes-en avec des pairs et, transmets-le à des gens.

#1. Prends le savoir d’un mentor.

Le savoir est une richesse. Alors, je la pille.

De plus, autant la piller auprès de celles et ceux qui en disposent le plus.

Avant de commencer, j’utilise « mentor » comme un concept. Du coup, je ne lui donne aucun genre pour un soucis de facilité de lecture. Ceci dit, quand je dis « UN » mentor, je pense aussi « UNE »

Et oui, messieurs, vous n’avez pas le monopole du mentorat. Encore heureux 😉

Après, à la base, femme ou homme, je ne suis pas un grand fan de ce concept de « mentor ».

Pourquoi ?

Déjà, avoir un mentor c’est placer le succès de ton apprentissage entre des mains étrangères.

Du coup, tu ne sais pas s’il y a un alignement des intérêts entre toi et ton mentor, ça peut créer des frictions.

En effet, il ne faut pas oublier que ton intérêt, c’est :

« Tuer le mentor »

Quand je dis « tuer », ce n’est pas littéral. Tu t’en doutes. Je te parle surtout de devenir meilleur que lui et ce, le plus rapidement possible. Pour ça, t’as besoin de quelqu’un qui ne soit pas ton horizon indépassable mais, le soleil levant de ton apprentissage.

Comme ça, quand le soleil sera suffisamment haut dans le ciel, ils pourront « tuer le roi » 🙂

Au final, dépasser ton mentor est un processus naturel sinon, change de mentor.

En effet, c’est ainsi qu’on reconnaît un bon mentor. Il voudra toujours te rendre meilleur que lui. Mieux, il est à l’aise à cette idée. Pour lui, son progrès personnel a moins d’importance que le progrès du savoir.

Donc, quand tu choisis un mentor, le critère le plus important est s’il transmet volontairement ou pas, son savoir.

Un mentor se réjouit davantage le pouvoir qu’il donne aux autres que du pouvoir qu’il a sur eux.

Autant te le dire, ce type de mentor est rare. Très rare.

D’ailleurs, la plupart du temps, ce n’est pas toi qui choisis ton mentor en vrai. C’est lui qui te choisit.

Là, comment faire du coup ?

Commence petit. Commence par une conversation.

Si quelqu’un accepte de papoter avec toi une fois, il pourrait accepter de le refaire par la suite. De plus, pour toi, ça te permet de faire un filtre a priori et a posteriori.

A priori, tu ne forceras jamais personne à devenir ton mentor. Ce dernier se trouvera forcément dans ceux qui acceptent une papoterie avec toi.

Ensuite, a posteriori, car c’est un excellent moyen de découvrir si quelqu’un est à la hauteur de tes espérances ou pas.

Du coup, va parler à des gens qui t’inspirent, inconnus ou pas.

De plus, avec un peu de chances, en une conversation, tu en apprendras plus qu’en un trimestre.

Pourquoi ?

La conversation c’est le moyen le plus puissant et rapide d’avoir les réponses à ses questions et donc, pour apprendre.

En effet, quand tu discutes avec quelqu’un, tu vas lui poser des questions dont la réponse t’intéresse.

Sinon, quel intérêt ?!

Et puis, tu vas poser des questions sur les problèmes qui bloquent ton apprentissage à l’instant t.

Maintenant, imagine la puissance des conversations quand tu les multiplient auprès de la BONNE personne …

… ou des bonnes personnes.

Comme je t’ai dit en incipit, je ne suis pas fan du concept de « mentor »

D’ailleurs, quand on me demande qui sont mes mentors, ma réponse est la même :

Je suis plus un mec de singles. Pas d’album.

Tout ça pour dire je n’ai pas de « mentor », seulement des intérêts. Du coup, je choisis les personnes avec qui je papote selon ce qui m’intéresse sur le moment.

Après, je ne raconte pas être un exemple.

Je comprends parfaitement que certains préfèrent avoir un mentorat privilégiée avec une seule personne.

Encore faut-il la trouver !

De mon coté, je pense avoir opter pour ce système par défaut car, je n’ai trouvé personne de suffisamment enthousiasmante et inspirante pour être mon mentor à long terme.

Mais toi, t’as une personne en tête pour être ? Contacte-la !

Invite-la à un dej.

Ça, c’est mon truc : les déjeuners : )

Le principe ? Les gens déjeunent.

Alors, il suffit de s’arranger de le faire au même endroit et en même temps.

BASIQUE.

Maintenant, on va admettre une chose : personne ne veut déjeuner avec toi. Personne ne veut papoter avec toi. Personne ne veut être ton mentor.

Pas grave !

Trouve-toi des muses.

Alors, je le précise tout de suite : tu peux avoir des mentors et des muses. Ce n’est pas antinomique.

Ce n’est pas l’un ou l’autre.

Tu peux avoir les deux. Je te le recommande même.

Mais bon, si un mentor est difficile à trouver, une muse, c’est beaucoup plus accessible.

Pourquoi ?

Tu n’as pas besoin d’attendre qu’elle accepte d’être ta muse. Tu n’as pas besoin de son autorisation pour ça.

Une muse, en général, est une personnalité relativement célèbre pour le contenu qu’elle produit.

Ce peut être des gens qui chantent, qui professent sur Youtube, qui dessinent …Bref, elle produisent de la pensée, et cette dernière façonne la tienne.

Les muses ont pour point commun d’avoir une empreinte suffisamment profonde en toi, que t’en débarrasser, ce serait se débarrasser une partie de toi.

C’est clair ?

Non ?

On va faire ça en mieux avec un exemple.

Nicolas Galita a écrit un excellent article sur une de ses muses :

Keny Arkana.

C’est lui qui m’a introduit au concept de « muse » tel que je viens de te l’expliquer.

Je te laisse ici avec l’article pour prendre l’ampleur d’une « muse »

https://medium.com/d%C3%A9penser-repenser/les-muses-de-ma-vie-%C3%A9pisode-1-keny-arkana-a0922afb6479

Mais, si tu veux retenir ici un principe simple :

Faute de mentor, sois ton propre mentor.

Car, si tu peux en manquer mais, tu ne manqueras pas de muses 🙂

Et puis, qui sait ?! tu partageras peut être des muses identiques avec d’autres personnes. Ces dernières pourront alors devenir tes pairs.

#2. Bavarde avec tes pairs.

Un mentor n’est pas suffisant.

Je tiens cette conviction de Joseph Jacotot.

En 1818, il est à l’origine de la pédagogie du « Professeur ignorant »

Selon lui, il y a une égalité de l’intelligence. Il n’y a pas une égalité de l’apprentissage.

Or, qu’est ce que l’apprentissage ?

C’est le chemin qu’on emprunte pour accéder à l’intelligence.

SIMPLE.

Du coup, apprendre sans comprendre, c’est comme faire le Tour de France sur un vélo d’appartement : tu n’arrives à rien.

D’ailleurs, pour la parenthèse, je déteste apprendre. De loin, je préfère comprendre. J’adore comprendre.

Maintenant, pour comprendre, t’as besoin de comprendre par toi-même.

Cependant, quand tu as un mentor, il va te transmettre non pas le savoir de manière absolue mais comment, lui, il l’a acquis.

Or, chacun dispose de sa propre méthode d’apprentissage.

C’est à dire des chemins qu’il emprunte pour accéder à la connaissance. Socrate l’a démontré dans Ménon. Toute l’intelligence de l’Homme est présente dans son raisonnement, et t’accèdes à cette intelligence en reconstruisant ce raisonnement pour toi-même.

En effet, il n’y a pas d’un côté un sachant omniscient et de l’autre des gens ignorants et sots. Comme il n’y a pas des élèves « doués » et d’autres stupides. Nous avons une égalité des intelligences mais, nous sommes uniques dans la manière d’y accéder par notre raisonnement.

Maintenant, comment faire ça ?

En bavardant avec ses pairs.

BASIQUE.

Pour illustrer ça, prenons un exemple, prenons l’École 42. C’est une école informatique avec une particularité unique :

Elle n’a ni prof, ni cours.

Comment alors les étudiants apprennent ?

Tous les jours, ils ont des problèmes (informatiques) à résoudre. Pour cela, ils ont deux sources à leur disposition : internet et les pairs.

D’ailleurs, c’est même devenu un rituel :

Tu ne sais pas ?
Google est ton ami.

Google ne sait pas ?
Demande à ton voisin de droite.
Sinon, à celui de gauche.

Maintenant, que ce passe-t-il quand aucun ne sait ?

Là, tu trouves tes pairs.

Tu vas construire ton raisonnement pour résoudre un problème donné. Ce raisonnement, tu vas l’affiner à force de le reformuler auprès de tes camarades ou bien, simplement, tu vas l’abandonner.

En effet, tu ne veux pas retenir que la bonne solution. Même si elle vient de quelqu’un d’autre.

D’ailleurs, une vertu méconnue d’une conversation entre pairs :

Le feedback permanent.

Tu veux accélérer ton apprentissage ?

Fais-toi corriger le plus souvent possible.

Plus précisément, fais-toi désigner tes erreurs de manière continue afin de les écarter une à une.

Je veux dire, tu ne fais pas la distinction entre bonnes et mauvaises réponses avant qu’on te les désigne. Sinon, tu ne les aurais pas mises à l’origine.

LOGIQUE.

De plus, ton cerveau apprend essentiellement ainsi.

Il ne trouve pas la bonne réponse lors d’un flash. Non, il écarte d’abord les mauvaises. En cela, il fonctionne comme un filtre et non pas, comme un projecteur.

Dès lors, à chaque mauvaise réponse écartée, tu progresseras vers la bonne.

Derrière, la mathématique est simple : plus vite tu écartes les mauvaises réponses et plus vite, tu progresses.

D’où, le feedback permanent.

Après, dans cette situation, tu n’as pas un mentor pour te désigner tes erreurs. Je te le rappelle. Tout le monde ignore la bonne réponse. Donc, tout le monde est au même niveau.

Du coup, le fait d’être à plusieurs cerveaux sur un problème, vous permettra de s’écarter mutuellement les mauvaises réponses. Par ailleurs, le faire de manière synchrone, c’est à dire en direct live, permet d’aller encore plus vite.

La seule limite à cet exercice ?

Quand tout le monde s’accorde mais, sur la mauvaise réponse.

2 + 2 ne feront jamais 5 même si toute la planète voter pour.

Après, s’il peut avoir des ratés, rares ceci dit, procéder ainsi te permettra tout de même d’aller tellement plus vite que tu ne le ferais seul. Là, encore, c’est l’objectif de la « Machine à Apprendre »

Ceci dit, pour que la conversation entre pairs fonctionne, t’as besoin d’un pré-requis : la contradiction.

En effet, si tout le monde est d’accord sur tout, comme t’as pu le voir, tu peux te mettre d’accord sur de mauvaises réponses.

Du coup, trouve-toi un rival. C’est mieux.

Oui, trouve ton végéta.

Bon, si la télé a déserté ton enfance, et pour faire simple, Végéta était le rival de San Goku, le héros de Dragon Ball Z.

Les deux n’ont qu’un but : devenir le guerrier le plus puissant de l’univers.

Pour tenter d’y parvenir, ils s’entraînent chacun de leur coté et, s’affrontent régulièrement.

Pareil à ton niveau.

Vouloir devenir le meilleur, cela donne parfois des ailes ^^

Si je prends un exemple dans la réalité véritable, je peux te prendre le duel de footeux Messi VS. Ronaldo.

D’ailleurs, ce dernier, au moment de se confier sur sa rivalité avec l’argentin, faisait cette confession éloquente :

« Messi […] m’a poussé à être un meilleur joueur et je l’ai aussi poussé à être meilleur »

Tout est dit.

À titre personnel, j’ai un ami dont je me sers de punching-ball intellectuel et réciproquement.

Coucou Vincent ^^

Toi aussi, tu peux te trouver une personne animée des mêmes ambitions que toi et que tu respectes également. Sinon, tu pourrais, par égo, ne jamais reconnaître tes erreurs et donc, arrêter d’apprendre.

Ce n’est pas le but.

Tu devrais chérir chaque personne qui te permettent d’en savoir plus. Que ce soit en te désignant tes erreurs ou bien, en lui transmettant ta propre sagesse.

3. Transmets le savoir.

Dans l’enseignement, on croit que le sens important de l’apprentissage se faire de l’enseignant à l’enseigne. Or, il opère dans le sens inverse.

Tu n’enseignes pas car tu sais.

Tu enseignes pour apprendre.

D’ailleurs, là, j’ai un grand secret pour toi :

Le meilleur moyen de se transformer en « Machine à Apprendre », c’est de se transformer en « Machine à Enseigner »

Et ce, pour trois raisons.

Déjà, avant de vider ta bouche, tu es dois forcément remplir ta tête. Enseigner, implique de prendre des gens à qui transmettre, donc tu vas mettre ta peau en jeu (cf. TRICHER #1). Enfin, enseigner va déterminer ce que tu sais de ce que tu ne sais pas et au final, cela cimenter ton savoir.

Tu sais à présent la grande raison qui me pousse à produire du contenu.

Écrit ou oral.

Qu’importe, je le fais pour apprendre.

Je n’ai aucun conseil ou vérité absolue à donner aux gens. Je leur donne surtout le récit cohérent de ce que je viens d’apprendre. Juste ça :

J’explique ce que je viens d’apprendre.

Transmettre va ainsi t’obliger à mettre tout un savoir dans de petits blocs plus digestes à comprendre. Une fois, terminé, tu auras la compréhension complète du sujet. De plus, si je ne sais pas l’expliquer, c’est que moi-même, je ne l’ai pas compris.

Pareil pour toi.

Si tu ne sais pas l’expliquer, c’est que tu ne l’as pas compris.

Voilà qui dégage l’horizon.

Car, tu n’imagines pas à quel point il y a une dissonance entre ce que tu sais et ce que tu crois savoir. Il t’arrive même souvent de prendre tes croyances pour des savoirs.

Tu veux un exemple ?

Tiens !

Alors ?

Surtout, saurais-tu l’expliquer simplement, sans bugger voire bafouer ?

Non ? Attends, j’ai un autre exemple :

Peux-tu me démontrer, là dans l’instant, que la Terre n’est pas plate ?

Non ? C’est normal.

On te l’a enseigné comme une croyance et non, comme un savoir. Tu connais l’histoire de la démonstration avec Galilée et j’en passe, mais il est rare que tu connaisses la démonstration en elle-même.

Alors, c’est clair, si tu ne sais pas expliquer et ce, simplement, c’est que tu ne le sais pas.

C’est d’ailleurs le point de vue radical de Richard Feynman.

American physicist Richard Feynman.

Pour te la faire simple, Richard Feynman a été physicien. Il a même été Prix Nobel en 1965 et bossé sur le Projet Manhattan. Oui, le projet à l’origine de la bombe atomique.

Nul n’est parfait.

Cependant, il avait un surnom : Le Grand Explicateur.

Oui, ça te pose le bonhomme.

En effet, il avait cette capacité inouï à vulgariser même les sujets les plus obscures de la physique quantique ou sinon, simplement le feu.

Le feu, c’est une discothèque pour les atomes.

D’ailleurs, il avait une technique pour ça. On l’appelait la technique Feynman. Cette technique était aussi bien une technique d’apprentissage, de mémorisation que de vulgarisation.

Oui, souviens-toi ! Tu sais que si tu sais expliquer. Sinon, tu ne sais rien. Alors, forcément, pour vulgariser, il a bien fallu que tu apprennes avant.

La technique dont je vais te parler là, j’en appliquais les principes tout en ignorant le nom. Alors, sans revenir en détail sur cette technique, voici en quoi elle peut être utile pour apprendre.

D’abord, tu prends un sujet d’apprentissage résumé à une ou deux phrase : Comme une définition, un concept ou une activité. Puis, tu essaies de l’expliquer à un non-initié.

Vraiment à un non-initié !

Je sais que beaucoup prenne pour exemple un enfant de 5 ans voire de 3 ans. C’est un mauvais exemple. On n’a pas le même vocabulaire à 5 ans qu’à 25 ans.

Pas besoin qu’il soit un enfant. D’ailleurs, si tu as déjà essayé d’expliquer ton travail à tes parents, tu vois bien que ce n’est pas une question d’âge.

Non, juste à un non-initié.

Pourquoi ?

Déjà, comme je l’ai dit auparavant, tu n’as aucune idée de niveau de connaissance de ton public. Du coup, ton objectif sera de rendre ton message le plus accessible possible. Ainsi, tu ne laisseras personne sur le bord.

Puis, cela évite une chose essentielle : tu n’utiliseras pas de jargon.

Tu t’éviteras ainsi de te dissimuler derrière un mot que tu ne maîtrises pas. Du coup, tu utiliseras des termes simples et accessibles à tous. Sinon, à la rigueur, tu t’arrêteras pour expliquer les termes les plus importants.

Puis, à chaque fois que tu te sentiras hésitant, flou ou encore fragile sur certains points, tu retourneras la bosser jusqu’à former ton récit cohérent. De la première phrase à la dernière.

L’avantage de faire une restitution publique, c’est que les questions des gens vont pleuvoir sur les points faibles de ton apprentissage. Effectivement, si tu n’es pas clair, c’est que tu ne l’as pas compris.

Maintenant, afin de te donner une application purement pratique de la technique Feynman, prenons un sujet comme la blockchain.

Je prends cet exemple car il ne demandera pas un article complet à expliquer. Puis, c’est un sujet un peu à la mode ces derniers temps.

Ainsi, si je suis la définition de la blockchain :

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle.

Autant dire qu‘on est pas sorti de la berge.

À présent, j’applique la technique Feynman.

La blockchain est un grand livre que tout le monde peut lire et écrire librement et gratuitement. Impossible à effacer, modifier et indestructible. Qui garde une trace de tous les échanges des gens.

Voilà la blockchain expliquée. Du coup, il n’y a rien de compliqué quand on prend le temps d’éclairer chaque concept. C’est aussi l’enjeu de l’enseignement.

Il ne faut pas vouloir briller. Il faut chercher à éclairer.

De manière pratique, de mon coté, je procède de trois manière : écrire des articles, donner des conférences et mentorer deux personnes.

Je commence par une petite confession : je n’écris pas pour devenir écrivain. J’écris pour comprendre, apprendre, et te faire comprendre.

Cela m’oblige donc à structurer ma pensée pour la rendre objective au sens premier du terme. Je la transforme en objet. En tant qu’objet elle devient saisissable par ta propre pensée toi.

Sinon, pour les conférences, avoir une date limite est très stimulant quand t’as une tendance à procrastiner. Je te l’ai déjà dit ^^ Après, les gens devant toi sont un excellent un thermomètre de ton savoir. S’ils ont l’air à l’ouest, c’est que tu n’es pas si clair que ça avec ton apprentissage.

Enfin, je prends deux personnes sous mon aile. Je les choisis car je suis convaincu de leur potentiel et puis, je leur partage tout ce que je sais de manière honnête et transparente.

Cet exercice est une gageure pour moi, car il me pousse davantage dans mes retranchements. Il s’agit de rendre les gens meilleurs que soi après tout. Et si nous ne sommes pas l’horizon indépassable des gens, nous sommes le notre par contre 🙂

C O N C L U S I O N

Parler est deux fois plus efficace qu’écouter quand il s’agit d’apprendre. Voilà, un mur de l’école qui tombe.

Cela veut-il dire qu’il ne faut jamais écouter ?

Non, du tout.

Il faut bien se procurer le savoir de quelqu’un. Surtout quand cette personne peut te mettre sur des raccourcis.

Après, encore faut-il aller lui parler.

Du coup, tu veux vraiment te transformer en « Machine à Apprendre » ?

Alors, parle à des gens.

Mieux.

Parle-leur trois fois !

1. Parle aux gens qui peuvent t’apprendre.

Si la richesse des gens se trouvent dans leur savoir, autant en récupérer une partie. T’as de la chance, le savoir fait partie de ces rares choses, qui, une fois partagée, prennent plus de valeur.

2. Parle à tes pairs.

Tes pairs permettent de te signaler tes erreurs quand y a personne pour le faire. Ils te donnent le feedback permanent essentiel pour progresser. Tu progresses une erreur après l’autre. Si t’as un rival, c’est encore mieux. Demande à Cristiano Ronaldo 😛

3. Parle pour transmettre le savoir.

Si tu ne sais pas l’expliquer, c’est que tu ne l’as pas compris. C’est une règle d’or. Cela fait aussi de l’aboutissement de tout apprentissage la transmission. Sinon, c’est que tu as appris sans comprendre. Autrement dit, un processus inutile.

C’était la leçon contre-intuitive du jour 🙂


D E V O I R S

Voici tes DEVOIRS de la semaine pour te transformer en « Machine à Apprendre »

  1. Trouve un ou plusieurs mentors. Au moins, découvre-toi des muses.
  2. Rejoins un groupe de personnes partageant un intérêt commun.
  3. Deviens mentor. Ou, au moins, enseigne une chose à une personne.

Tu as une semaine pour accomplir ces devoirs 😉